CROIX à LUSSAC
Sur la Commune de LUSSAC, on peut admirer des édifices témoignant du passé historique de la région. L’église, le château de Lussac, le château « La Tour Ségur », sont les éléments patrimoniaux les plus remarquables. Au-delà des demeures conséquentes, des chartreuses, et des moulins à eau, il y a aussi un « petit patrimoine » de vestiges à signaler : mégalithe, moulins à vent, tour, fontaines, lavoirs, puits, croix de pierre … et aussi grottes et carrières souterraines …
L’origine des « Croix » remonte au moyen-âge. Elles étaient placées à une certaine distance du chef-lieu (généralement moins de un kilomètre) sur les voies d’accès et carrefours de chemins. Elles marquaient les limites du périmètre territorial protégé, à l’époque des « sauvetés » et de la trêve seigneuriale et monacale. A l’intérieur de ce périmètre, la « dîme » (impôt de 1/10°) était perçue sur tous les produits, denrées, et marchandises … La « paroisse » de Lussac vivait sous l’autorité de l’Abbaye cistercienne de « Faise », fondée en 1137, se trouvant sur son territoire, ce qui explique le nombre des croix environnantes. Rappelons que la résidence des Abbés commendataires de Faise se trouvait à « La Tour-Ségur ». Lieu où ont vécu en particulier des personnalités célèbres, tels : Joseph et Charles Louis de Secondat de Montesquieu (oncle et frère de l’illustre écrivain), puis Godefroy de Guyonnet de Montbalen, dont les armes à trois perdrix figurent sur le blason de Lussac.
Ces « Croix » , témoins de la ferveur religieuse des siècles passés, sont aussi appelées « Calvaires », en souvenir du « Golgotha », lieu de la crucifixion de Jésus à Jérusalem. Chez nous, ils sont simplifiés, et ne comportent pas les personnages et ornementations des Calvaires de certaines régions, en particulier la Bretagne.
Il était d’usage pour les « Jacquets » (pèlerins de St-Jacques de Compostelle) de marquer un arrêt en ces lieux, pour prier et faire un voeu. Les passants, qui ne s’arrêtaient pas, se signaient (signe de croix) ou disaient une courte prière (oraison jaculatoire).
On retrouve bien ces limites territoriales à l’extérieur du Bourg de Lussac, et l’emplacement des « croix dîmiaires », aux « Adams » (vers Montagne), à « Blanchon » (vers Puisseguin), à « Péroli » (vers Coutras) … Le nom de ce dernier carrefour viendrait de « pilori », en raison d’un « gibet » qui s’y trouvait. Lieu d’exécution des sentences (croix de justice), c’est à la fourche patibulaire (potence) que l’on pendait les brigands qui s’attaquaient aux pèlerins « coquillards » et aux voyageurs …
Outre les Croix « dîmiaires » précitées, restaurées au fil des siècles, on voit aussi au « Lyonnat », une magnifique Croix « hosannière » (du mot hébreu « hosanna » = louange) comportant un imposant socle galbé du XVI° siècle, avec un fût élancé, et des bras ouvragés. La Croix de « Gonnat », plus sobre, peu éloignée de la précédente pourrait être une Croix
« d’oraison » où les pèlerins déposaient leurs intentions de prières. Il en est de même de la Croix de « Chouteau » proche des deux autres.
Ces Croix marquaient aussi des tènements (terre ou « mayne » tenus moyennant une redevance) des Abbés de « Faise » et des seigneurs voisins.
Malgré les ravages et destructions successives de la guerre de cent ans, des guerres de religion, de la fronde, et de la révolution … ces Croix ont été maintenues et rétablies.
L’appellation « Croix de Mission » , donnée couramment à des Croix de carrefours, est souvent employée faussement. Elle s’applique seulement aux Croix édifiées à l’occasion d’une « Mission » organisée dans la paroisse. Tel est le cas de la Croix de « Normand » (qui a peut-être remplacé une ancienne Croix « dîmiaire »). Les « Missions » étaient organisées dans les paroisses par le clergé, en période post-révolutionnaire, aux XIX° et XX° siècles, et jusque dans les années 1950, dans le but de rallumer la foi des chrétiens. Elles étaient prêchées et animées par des religieux (dominicains, franciscains, ou autres …), sur une durée généralement de deux semaines, et constituaient un temps fort de spiritualité. Le programme était dense : messes quotidiennes, vêpres et cérémonies chantées, adoration du saint-sacrement, prières de repentir, sermons, processions, distributions d’objets pieux, collecte pour restaurer ou ériger un monument… On voit encore, dans le bourg de Lussac, sur le linteau de portes de certaines maisons, une petite croix de métal rouillé, avec médaillon du sacré-coeur, apposée lors d’une dernière « Mission ».
Les Croix étaient aussi des lieux de processions, lors des manifestations de la « Fête-Dieu », ou des « Rogations », pour la bénédiction des cultures. On déposait l’ostensoir, des cierges et des fleurs sur les gradins du socle de pierre formant un autel.
Il est à noter que Lussac ne comporte pas de « Croix de Cimetière » monumentale (en dehors des croix tombales). Ce qui peut s’expliquer en raison du transfert datant de 1824 : l’ancien cimetière était étalé devant l’église sur la Place actuelle, et peut-être l’ancienne croix a-t-elle été brisée lors de ce déplacement.
Croix de Normand
Croix en pierre de taille sculptée posée sur un socle surélevé d’un escalier de 2 marches.
Dimensions approximatives
Longueur : 0.5m
Largeur : 0.5m
Hauteur : 3m
Croix de Peyrolie
Croix de carrefour dont le socle en pierre de taille est divisé en deux parties : trois rangées de pierres de taille puis un important bloc de pierre carré de cinquante centimètres de hauteur. Un fût de un mètre de haut environ supporte une croix en fer forgé.
Dimensions approximatives :
Longueur : 1m
Largeur : 1m
Hauteur : 3m
Croix des Adams
Un bloc de pierre constitue le socle carrésur lequel repose une croix en pierre dont la base du fût est travaillée. Les extrémités de la croix sont sculptées ainsi que le centre de la croix ou l’on distingue un ostensoir.
Dimensions approximatives :
Longueur : 1.2m
Largeur : 1.2m
Hauteur : 3m
Croix de Blanchon
Croix en pierre de taille constituée d’un socle carré d’environ soixante dix centimètres de hauteur, d’un fût et d’une croix en pierre.
Dimensions approximatives
Longueur : 1m
Largeur : 1m
Hauteur : 3m
Croix de Lyonnat
Croix de mission qui repose sur un socle travaillé en forme de pot de fleur. Fût d’environ un mètre de haut sur lequel se trouve la croix. L’ensemble est élancé. Sur le socle qui repose sur une murette en moellons, une inscription gravée en latin est pratiquement illisible.
Dimensions approximatives :
Longueur : 1m
Largeur : 1m
Hauteur : 3m
Croix de Gonat
Piédestal octogonal en pierre de taille assorti d’une corniche sur lequel repose une croix en béton.
Dimensions approximatives :
Longueur : 0.5m
Largeur : 0.5m
Hauteur : 1.6m
Croix de Chouteau
Croix de mission située à la limite des communes de Lussac et de Petit Palais, au lieu-dit Chouteau, à l’intersection de la départementale D21 et de la voie communale allant vers Pichon. Croix en pierre constituée d’un socle avec dé et corniche de 1m de haut environ et 0.9 de côté, hauteur totale à 2.3m.
Louis Charrié
Membre de l’Association Historique de Puynormand
Lussac – Septembre 2008